Appel à communications

Colloque sino-européen du tourisme

Douzième édition

Saumur (France) 8-10 juillet 2025

Villages patrimonialisés et tourisme : enjeux locaux, expériences du Monde

 

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Présentation

La notion de village a fait l’objet de nombreux travaux descriptifs en géographie régionale jusqu’au début des années 1960 afin d’étudier les modèles et les sites d’habitats de petites communautés humaines en milieu rural (Paul Vidal de la Blache, Roger Dion, André Meynier, etc.). Au début des années 2000, Françoise Plet constate la raréfaction du mot dans les productions scientifiques contemporaines sans pouvoir expliquer s’il s’agit d’« un effet de vieillissement du mot ou si les auteurs invalident la notion » et se questionne : « le temps des villages est-il passé ? » (Plet, dans Lévy et Lussault, 2003, p. 988).

Pourtant, la communauté scientifique avance quelques explications concernant l’évolution du sens du mot « village », notamment en raison des relations complexes entre villes et milieu rural. Les constats menés sur le cas français à la fin du siècle dernier, observant un déclin de l’agriculture, un exode rural et un vieillissement de la population rurale (Béteille, 1981 ; 1994) sont plus récemment relatives à l’arrivée de nouveaux résidents qui s’installent dans des villages, et qui rénovent le bâti (Delfosse, 2003, Helle, 2004). Certains chercheurs y voient même une urbanisation du milieu rural associée à des logiques d’étalement, phénomène qui conduit à des divergences d’appréhension des lieux, selon les modes d’habiter, qu’il soit permanent ou temporaire (Dibie, 2006 ; Le Goff, 2012) voire à la création de « nouveaux villages » (Callen 2014).

De fait, l’existence même d’un village, localisé et localisant par un nom et sa morphogenèse, questionne sur le regard des acteurs. Le regard touristique est d’ailleurs particulièrement riche en enseignements, dans la mesure où celui-ci est construit collectivement et informe sur les perceptions des espaces touristiques (Urry, 1990). Aussi les villages se distinguent selon une graduation de la mise en tourisme. Certains villages sont très peu fréquentés par les touristes – uniquement pour y trouver un hébergement ou un lieu de restauration – d’autres constituent le motif même d’un déplacement et se démarquent par une omniprésence du tourisme voire d’un état de dépendance monofonctionnelle. Ces situations résultent des pratiques spatiales, mais aussi de choix de politiques locales (Shen, 2014). La renommée touristique de certains villages s’est établie par la mise en valeur d’un patrimoine architectural ancien, avec peu d’édifices contemporains (Equipe MIT, 2002). Le caractère pittoresque, tant par le paysage que par le bâti, inscrit certains villages comme des hauts-lieux de régions touristiques (Piriou, 2018). Le patrimoine, fruit d’une construction sociale et culturelle qui s’inscrit dans le temps et dans l’espace (Di Méo, 1995 ; Veschambre, 2005), contribue au système touristique. De même, le tourisme, en tant que phénomène mondial, prend part à un mouvement de patrimonialisation, dans la mesure où la présence de touristes, assure une reconnaissance et un partage des lieux considérés comme patrimoniaux (Violier et Lazzarotti, 2007 ; Coëffé et Morice, 2017).

Pour les acteurs locaux, l’enjeu est de protéger puis de valoriser le patrimoine à des fins de développement du territoire, afin de maintenir voire de gagner des habitants mais aussi d’inciter à la fréquentation de visiteurs (Chevallier, 2003, Gravari-Barbas, 2005). Afin d’accroître l’action de patrimonialisation et de valorisation, certaines municipalités s’engagent dans des démarches de qualification et s’intègrent à des réseaux de villages autour d’une marque ou d’un label (Tanchoux et Priet, 2020). Dans un contexte sociétal, qui appelle à des pratiques qui doivent se réinventer en faveur d’un développement durable des territoires (Knafou, 2023), les villages patrimonialisés sont à la croisée de plusieurs sujets tant pour l’action des habitants que pour la participation des visiteurs, des touristes.

Plusieurs axes peuvent émerger à partir des constats établis ci-dessus :

  • La patrimonialisation des centres anciens questionne l’adaptation des villages à la société locale. La qualité de vie des habitants, voire de futurs habitants constitue un leitmotiv des acteurs locaux. Les transformations de bâtiments ou encore les aménagements d’espaces naturels demandent une réflexion sur les enjeux touristiques. Comment le projet local à destination des habitants peut-il traduire une volonté d’accueil des visiteurs ? Comment l’offre patrimoniale répond-elle à une attente des visiteurs, des touristes qui découvrent les villages ?

 

  • La patrimonialisation des villages ne concerne pas exclusivement le bâti. Les démarches de qualification de l’offre patrimoniale des villages mobilisent les dimensions naturelles et environnementales ou encore la dimension immatérielle. Comment les villages emploient-ils ces dimensions patrimoniales dans leurs stratégies de développement touristique ? Le bâti constitue-t-il toujours le cœur de l’offre ?

 

  • Le degré d’intensité de la fréquentation touristique crée des disparités entre certains lieux qui ne sont que peu fréquentés et d’autres qui connaissent un nombre conséquent de visiteurs en rapport au nombre d’habitants à l’année (Gay, 2024). Par exemple, dès lors qu’un village à faible démographie reçoit plusieurs milliers de visiteurs chaque année, celui-ci doit adapter la coprésence au sein de son périmètre patrimonial. Comment les villages organisent-ils cette coprésence ?  Faut-il instaurer des systèmes de régulation de la fréquentation au sein de l’espace patrimonial ?

 

  • La mise en valeur du patrimoine s’inscrit dans un certain nombre de dispositifs réglementaires (en France : Sites Patrimoniaux Remarquables, Plans Locaux d’Urbanisme, etc.) et d’aides financières qui demandent un consensus autour de l’objet patrimonial entre les acteurs publics et la population locale. L’implication des habitants dans la valorisation patrimoniale participe-t-elle à porter un projet de développement touristique ? Quelles sont les instances compétentes ? Comment les habitants perçoivent-ils ces projets ? Le rapport entre valorisation du patrimoine et développement touristique est-il une évidence ? Quelles en sont les limites ?

Toute autre proposition en lien avec la thématique du colloque sera étudiée par le Comité Scientifique. Une dimension internationale est particulièrement attendue afin d’instaurer un dialogue entre les communicants sur les des projets locaux et sur les convergences/divergences de certains faits à l’échelle mondiale.

Contexte et organisation 

Le colloque est organisé par l’ESTHUA, Institut national de tourisme - INNTO France de l’Université d’Angers, et l’ICUNA, l’Institut Conjoint des universités de Ningbo et d’Angers et se tiendra en France, au sein du pôle régional de formations de Saumur, du 8 au 10 juillet 2025. Cet évènement s’inscrira dans la continuité des rencontres nationales de l’association des Petites Cités de Caractère® de France qui célébrera ses 50 ans du 6 au 8 juillet 2025 en Anjou. À cette occasion, une découverte de villages sera proposée.

Soutiens du colloque

Groupement d’Intérêt Scientifique « Études Touristiques »

Comité de Géographie du Tourisme de la Société Chinoise de la Géographie

Tribune du Tourisme

Publication

Á la suite du colloque, une sélection de textes sera faite pour parution d’une production collective (discussions en cours).

Comité Scientifique

Coprésidents

Jean-René Morice (géographie, Université d’Angers)

Shiwei Shen (géographie, Université de Ningbo)

Membres du Comité scientifique

Nicolas Bernard (géographie, Université de Bretagne Occidentale)

Elide Di Clemente (marketing, Université d’Estrémadure)

Nathalie Fabry (économie, Université Gustave Eiffel)

Jean-Christophe Gay (géographie, Université Côte d’Azur)

James Hanrahan (management du tourisme, Atlantic Technological University)

Sébastien Jacquot (géographie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Véronique Mondou (géographie, Université d’Angers)

Jean-René Morice (géographie, Université d’Angers)

Sylvine Pickel-Chevalier (géographie, Université d’Angers)

Jérôme Piriou (géographie, Université d’Angers)

Kai Bai (géographie, Université normale du Shaanxi)

Honggang Xu (géographie, Université Sun Yat Sen)

Shiwei Shen (géographie, Université de Ningbo)

Shuhong Zhao (gestion, Université du Yunnan)

Comité d’Organisation

Lucie Biteau (Université d’Angers)

Bérengère Clément (Université d’Angers)

Lydie Jouis (Université d’Angers)

Guillaume Leblondel (Université d’Angers)

Véronique Mondou (Université d’Angers)

Jean-René Morice (Université d’Angers)

Jérôme Piriou (Université d’Angers)

Thérèse Rouleau-Racco (Université d’Angers)

Honglei Zhang (Université de Nanjing)

Huizi Xie (Université de Ningbo)

Shiwei Shen (Université de Ningbo)

Xueji Wang (Université de Ningbo)

Yi Liu (Université Sun Yat Sen)

Propositions

Les propositions de communications sont attendues dans l’un des axes ou à la croisée de plusieurs questionnements. Les propositions comporteront :

  • un titre (en anglais ou en chinois/anglais ou français/anglais) ;
  • un résumé (200 à 300 mots) et une liste de mots clés (en chinois/anglais et en français/anglais).
  • Un corps de texte qui sera construit selon les critères suivants : sur une page (1000-2000 mots) figureront la présentation de l’objet de recherche, les repères méthodologiques, le cadre théorique, les principaux résultats, et les éléments bibliographiques. Figureront également les informations et coordonnées des auteurs et l’identité du correspondant (dans l’éventualité de plusieurs auteurs).

Les propositions de communication doivent être soumises pour le 1er mars 2025 (date limite prolongée au 15 mars 2025) sur la page web du colloque : https://cset2025.sciencesconf.org

Les interventions peuvent être en français ou en anglais, mais également en chinois, une traduction sera prévue pendant les séances. Le temps de la présentation orale du travail pendant le colloque est de 15 minutes avec les échanges et discussions.

Contacts

Université d’Angers, ESTHUA Institut national de tourisme - INNTO France

Jérôme Piriou, e-mail : jerome.piriou@univ-angers.fr

Bibliographie

Béteille Roger, La crise rurale, Presses universitaires de France, 1994, 127 pages.

Béteille Roger, La France vide, Librairies Techniques, 1981, 252 pages.

Callen Delphine, « Des « nouveaux villages » aux « maisons en village »… Formes et localisation des ensembles pavillonnaires franciliens », L’espace géographique, 2014, 2014/2, tome 43, 115-133.

Chevallier Denis, « Le patrimoine rural, outil politique ou enjeu de société ? », Modern & Contemporary France, 2003, vol. 11, issue 3, 279-292.

Coëffé Vincent et Jean-René Morice, « Patrimoine sans limite ? La mondialisation du tourisme comme opérateur d’un « tout-patrimoine »», L’Information géographique, 2017, 2017/2, vol. 81, 32-54.

Delfosse Claire, Géographie rurale, culture et patrimoine, HDR, Université de Lille, 2003.

Dibie Pascal, Le village métamorphosé. Révolution dans la France profonde, Terre Humaine, Plon, 2006, 414 pages.

Di Méo Guy, « Patrimoine et territoire, une parenté conceptuelle », Espaces et Sociétés, 1995, n°78, 16-33.

Équipe MIT, Tourisme 1. Lieux communs, Belin, 2002, 319 pages.

Gay, Jean-Christophe, Tourismophobie. Du « tourisme de masse » au « surtourisme », ISTE, 2024, 194 pages.

Gravari-Barbas Maria (dir.), Habiter le patrimoine : enjeux, approches, vécu, coll. « Géographie sociale », Presses universitaires de Rennes, 2005, 618 pages.

Helle Cécile, « Le Lubéron : la fin d’un territoire d’exception ? », M@ppemonde, 2004, 2004.1, n°73, URL : http://mappemonde.mgm.fr/num1/articles/art04101.html

Knafou Rémy, Réinventer (vraiment) le tourisme. En finir avec les hypocrisies du tourisme durable, Les nouveaux possibles, éditions du Faubourg, 2023, 125 pages.

Le Goff Jean-Pierre, La fin du village : une histoire française, Gallimard, 2012, 577 pages.

Piriou Jérôme, La région touristique. Une co-construction des acteurs du tourisme, ISTE, 2018, 248 pages.

Plet Françoise, « Article « Village », dans Jacques Lévy et Michel Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, 2003, 987-988.

Shen Shiwei, Les vieux villages chinois : évolution, patrimonialisation et mise en tourisme, Thèse de doctorat, Université d’Angers, 2014.

Tanchoux Philippe et François Priet (dir.), Les labels dans le domaine du patrimoine culturel et naturel, Presses universitaires de Rennes, 2020, 537 pages.

Urry John, The tourist gaze: leisure and travel in contemporary societies, Sage, 1990, 176 pages.

Veschambre Vincent, « Le recyclage urbain, entre démolition et patrimonialisation : enjeux d’appropriation symbolique de l’espace. Réflexions à partir de quatre villes de l’Ouest », Norois, 2005, 2005/2, n°195, 6.

Violier Philippe et Olivier Lazzarotti, Tourisme et patrimoine. Un moment du monde, Presses de l’Université d’Angers, 2007, 246 pages.

 
Dernière mise à jour : 22.01.2025 - 9h30

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